Cet article a été traduit par Valentina Ciuffreda

En 2019, une fille de onze ans en Argentine a été obligée à accoucher. Pour protéger l’identité de cette petite fille, on va l’appeler “Lucía”. Cette jeune fille avait été violée par le petit-ami de sa grand-mère. Quelque temps après le viol, elle a été amenée à une clinique parce qu’elle avait mal au ventre. C’était à ce jour-là quand les médecins ont découvert qu’elle était enceinte de 20 semaines.

Après avoir essayé de s’automutiler deux fois, Lucía a été hospitalisée. Elle n’arrivait pas à comprendre ce qui lui est arrivé. Lucía suppliait les médecins de “retirer ce que le vieil homme avait mis dans elle.” Mais les médecins refusaient de faire ce qu’elle demandait. Et ils refusaient aussi les demandes de la mère de Lucía pour avorter.

En Argentine, l’avortement est légal si la grossesse est le résultat d’un viol ou si la vie ou la santé de la mère est en danger. Ces deux conditions s’appliquent dans le cas de Lucía puisque son jeune âge mène à une grossesse physiquement et psychologiquement dangereuse.

Cependant, les officiels locales ont conspiré avec le personnel de l’hôpital et ils ont refusaient l’option de l’avortement à Lucía. Ils ont utilisé des stratégies illégales pour retarder l’intervention, comme réclamer la signature du père défunt de Lucía. Le personnel de l’hôpital a dit à la mère de Lucía qu’elle pouvait l’amener à une clinique privée pour se faire avorter, mais la mère de Lucía n’avait pas les moyens de payer pour cela.

Pendant qu’elles attendaient anxieusement, le chapelain de l’hôpital leur a rendu visite cinq fois. Selon la mère de Lucía, pendant chaque visite, il faisait le même discours, en leur suppliant de “protéger la petite créature.” Il faisait référence au foetus et pas à la petite fille devant lui. 

Quand Lucía était enceinte de 23 semaines, les médecins envoyés pour faire l’avortement sont venus. Cependant, ils ont déterminé que le plan d’action plus sûr serait de faire une césarienne. Dix jours après l’intervention, le bébé est mort.

“Tous les droits de Lucía ont été violés,” dit Adriana Guerrero, une avocate qui fait partie de l’équipe qui travaille de la part de Lucía. “Il n’en a même pas un qui n’a pas été violé.”

Qu’est-ce qu’On Peut Saisir de Cette Histoire?

Tout d’abord, ce cas montre la cruauté du mouvement anti-avortement. Ceux qui opposent le choix de se faire avorter disent qu’on devrait “aimer tous les deux” – le foetus et la femme – mais cela n’est pas possible. On ne peut pas déclarer un droit à la vie pour les foetus sans retirer les droits des femmes qui les attendent. Les activistes anti-avortement en Argentine crient, “¡Salvar las dos vidas!” (Sauvez les deux vies!) Mais la vie de Lucía n’a pas été pris en considération du tout. Elle n’a pas été vu comme une fille malade et traumatisée, mais tout simplement comme le corps dans lequel vivait l’enfant – cette “petite créature”. Il paraissait que sa vie comptait moins que celle de l’enfant. 

Ce cas démontre aussi le lien entre la pauvreté et la justice reproductive. Lucía aurait pu se faire avorter si sa mère avait eu l’argent pour se payer ce genre d’intervention. Les riches auront toujours accès aux avortements sûrs. Quand les avortements légales sont accessibles, ce sont les femmes pauvres qui sont obligées à accoucher ou mettre leur vie en danger en faisant des interventions clandestins.  

Troisièmement, la souffrance de Lucía nous montre que quand il s’agit de l’avortement, il n’y pas de “victimes parfaites.” Les activités pro-choix ont tendance à se concentrer sur des cas extrêmes – comme les victimes de viol, les femmes qui ont besoin de se faire avorter pour pouvoir continuer à vivre, les enfants enceintes – pour souligner la nécessité de l’avortement. Lucía fait partie de tous ces cas extrêmes. Toutefois, sa demande pour un avortement a été refusée. Ceux qui opposent l’avortement adorent nous créer une image false d’une femme qui couche avec n’importe qui et qui utilise l’option de se faire avorter comme une sorte de contraception. Mais Lucía démontre que ces gens n’ont rien à foutre de ta situation personnelle: ils n’ont rien à foutre de comment tu t’es trouvée dans cette situation.

Finalement, ce cas illustre que les avortements légales ne sont pas très efficaces s’ils sont inaccessible au peuple. En ce moment il y a un grand effort en Argentine pour légaliser l’avortement d’une façon complète et accessible et cela peut se passer dans très peu de temps. Mais Lucía aurait déjà dû avoir le droit à un avortement légal selon la loi. Malheureusement, la légalisation de l’avortement pourrait presque rien dire s’il n’y pas de médecins pour faire l’intervention. La loi argentine proclame qu’il est illégale de refuser les avortements pour ceux qui remplissent les conditions précises pour cela. Lucía habite dans la regione du nord du pays, loin de Buenos Aires, et donc les médecins et les officiels locales se sentaient justifiés en agissant contre la loi nationale. 

“Dans le nord de l’Argentine,” dit Dr. Cecilia Ousset, une des medecins qui a réalisé la césarienne de la jeune fille, au New York Times, “il y a beaucoup de Lucías, et il y a beaucoup de professionnels qui tournent le dos à elles.”

Il semble qu’on ne puisse pas faire grande chose pour résoudre ce problème. Il semble que la seule chose qu’on puisse faire soit de travailler pour qu’un jour le droit à l’avortement soit une chose qu’on ne refuse pas. Et si on le refuse à une femme, il faut que ce refus soit interprété comme un acte inconcevable et contre la nature des humains. 

À un futur ou les femmes n’ont plus besoin de lutter pour leur droit de choisir!

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