L’image corporelle et le fait d’avoir une image positive de soi sont deux éléments assez délicats en France. Ceci étant dit, l’image corporelle est toujours reconnue comme quelque chose qui – surtout pour les femmes – doit viser à devenir “parfaite” selon les attentes d’une société dominée par un patriarcat strict et conservateur. Je connais beaucoup de gens qui croient que toutes les femmes françaises sont maigres et “élégantes.”

La plupart des Américains considère leurs voisins européens comme des individus extrêmement minces, mais en bonne santé. Après avoir passé deux années en Europe pendant mes études, je me suis rendue compte que la réalité n’est pas aussi belle de ce que l’on croit. 

En tant que citoyenne européenne, je ne suis pas particulièrement fière de l’environnement négatif dans lequel se trouvent la majorité des femmes européennes. 

À bien des égards, je crois sincèrement que la société américaine est, effectivement, la plus progressiste. Même si notre pays doit affronter ses propres batailles, nous avons au moins des discussions. On fait déjà la première étape: on parle et on parle tous ensemble. Pendant qu’on cherche un changement plus concret, on commence à écrire et à parler des sujets les plus pressants.

En ce qui concerne l’image corporelle, on a encore plus de travail à faire avant d’éradiquer les campagnes peu réalistes de la mode aux États-Unis. Néanmoins, ceux qui luttent contre ces campagnes mettent beaucoup de pression sur la société américaine et on le sent presque partout. Cependant, la grossophobie est un problème très sérieux en France et presque personne en parle. On le sent, mais on n’en parle pas.

La grossophobie est une forme de discrimination, dégoût et mépris envers les gens en surpoids ou obèses.

En gros, il s’agit de la discrimination des gros. C’est un jugement qui est basé sur l’image. C’est une décision qui utilise le numéro qui apparaît sur la balance comme une indication de la valeur de quelqu’un. La grossophobie existe en France et malheureusement il a fallu trop de temps pour arriver là où on est maintenant: on est en train de commencer la conversation. Tout ça, grâce à deux individues vraiment impressionnantes: Gabrielle Deydier et Clémentine Desseaux. 

Mais avant de vous informer sur ces femmes fortes et fabuleuses, laissez-moi vous donner un exemple plus concret de ce qui se passe actuellement en France. La société française met beaucoup de pression sur les femmes pour s’intégrer à l’image idéale de la femme française: extrêmement mince, élégante et soumise.

Et oui, vous pensez peut-être que j’ai tort parce que ce phénomène ne crève pas les yeux. Mais vous ne remarquez pas tout ça si facilement parce que ce comportement et cette pression sont enracinés dans la culture française. Vous trouverez, probablement, que toutes les femmes françaises sont naturellement et génétiquement plus minces que les autres. Mais ceci n’est pas une question de biologie. 

Eh bien, pour ceux qui n’étaient pas au courant avant de lire mon article, la société française et l’approbation qu’on reçoit dans cette société sont déterminés par l’image et les biens matériels. En fait, les européens en générale donnent beaucoup d’importance sur leurs possessions et leur capacité de montrer à quel point ils sont riches et fortunés. La richesse est, donc, mesurée par ce qu’on voit. 

Et Paris est, effectivement, vu comme la capitale de la mode en Europe. La France a une réputation à maintenir et ‘les gros’ l’empêchent de continuer à préserver cette image précieuse. Alors, non, la population féminine française n’a pas été bénie avec des métabolismes extraordinaires: la culture des régimes et l’humiliation des corps sont devenues un style de vie.  

L’importance d’avoir une image corporelle positive et de respecter les corps des autres est devenue une conversation nationale en France très récemment. Malgré tout, ce sujet continue d’être ignoré et écarté par la grande majorité des français. Les deux femmes principales qui mènent cette discussion importante dans leur pays et dans le monde entier sont Clémentine Desseaux and Gabrielle Deydier. 

Desseaux est un mannequin de grande taille. En 2016, elle a lancé l’All Woman Project avec un autre mannequin, Charli Howard. Cette campagne montre les inégalités qui existent dans l’industrie de la beauté. Desseaux et Howard essayent de faire comprendre au public que les critères que cette industrie crée pour les femmes sont complètement irréalistes. Il faut qu’il y ait une diversité des corps dans l’industrie de la mode. Il faut que toutes les formes et toutes les femmes soient représentées. 

La féminité n’a pas qu’une seule forme.

Dans la campagne d’All Woman Project, les mannequins font des photos pas retouchées. La campagne postent des photos naturelles et sans l’intervention de la technologie pour “rendre les femmes plus belles ou parfaites”. Desseaux veut nous illustrer que les femmes n’ont pas besoin d’être retouchées pour satisfaire le regard de l’homme. Dans une interview avec Not Plant Based, Desseaux explique, “Les femmes doivent s’exprimer et montrer qu’on a pas envie de suivre les attentes et les règles des hommes.”

Et cela est exactement ce que l’écrivaine française Gabrielle Deydier est en train d’accomplir. Deydier a été victime de harcèlement pendant son adolescence. Dans une vidéo récente avec la chaîne ARTE, Desseaux et Deydier racontent la réalité de leurs enfances difficiles. Ces femmes ont été traitées horriblement: elles ont reçues des insultes discriminatoires dans la rue et elles ont été rejetés par leurs profs aussi.

Mais la discrimination ne s’arrête pas dans l’adolescence. Ces injustices ont suivi Deydier dans sa vie d’adulte. Une étude de LinkedIn qui avait été faite en 2018 a trouvé que les personnes grosses gagnent souvent moins de leurs collègues plus minces. En France, une femme en surpoids a huit fois plus de chances d’être rejetée par un employeur qu’une femme “maigre.”

Ce genre de discrimination pour Gabrielle Deydier est devenu son quotidien. Une fois son ancien patron a même insisté qu’elle suive une regime pour maigrir. Mais qu’est-ce que cela avait à voir avec sa capacité de faire correctement son travail?!?

Dans un documentaire filmé avec ARTE, Deydier discute ses tendances suicidaires. Elle parle de sa manque de confiance en soi et comment elle fait pour surmonter cette épreuve. Comme écrivaine, Deydier parle et écrit sur la grossophobie dans son pays. Elle utilise ses mots pour lutter contre les injustices qu’elle doit affronter chaque jour. 

Le documentaire d’ARTE, On achève bien les gros, a été lancé le 17 juin 2020. Ce film montre la gravité et les effets vicieux de la grossophobie en France. Avec la collaboration de Gabrielle Deydier, ce documentaire décrit jusqu’à quel point le poids d’une personne impacte leur vie en France. Et cette impacte est plutôt incroyable. 

Dans le documentaire, il y a une scène dans laquelle Deydier raconte à un groupe de lycéens une expérience particulièrement discriminatoire qu’elle avait vécu dans son ancien travail comme enseignante. Elle leur dit qu’en arrivant à ce nouveau travail, elle avait été immédiatement méprisée par une collègue. Cette collègue lui avait dit, “je ne travaille pas avec les gros.” C’est une remarque plutôt méchante, vous trouvez pas? 

Quand Deydier a permis les étudiants à poser leurs propres questions, un jeune homme en particulier semblait assez convaincu que le poids de Deydier avait plus à faire avec son incapacité de soigner son image.

Il a donc déclaré que son surpoids était une conséquence de ses incompétences.

Parmi les français existe une mentalité qui affirme qu’une image mal-soignée est le résultat d’une manque d’estime de soi. Penser ainsi nous montre qu’en France, on est jugé par son apparence et pas par son caractère. Le poids d’une personne ne devrait pas leur empêcher de trouver un travail. Il ne devrait pas non plus leur empêcher d’être respectée et traitée comme un être humain. Bien que Desseaux et Deydier fassent des énormes progrès dans ce domaine, leurs efforts ne peuvent pas transformer toute la société française du jour au lendemain. 

Clémentine Desseaux reconnaît que les réseaux sociaux ont contribué beaucoup aux objectifs du mouvement. Avec les réseaux sociaux, n’importe quelle femme a le choix de se montrer et de s’exprimer devant un public massif. En utilisant des sites comme Facebook et Instagram, les femmes en grande taille ont plus de visibilité et peuvent utiliser leurs voix pour donner de l’inspiration aux autres femmes. Toutefois, les réseaux sociaux peuvent aussi être une influence extrêmement négative. Donc, il est impossible de compter sur ces sites pour avoir du vrai changement.  

Je considère Clémentine Desseaux comme un modèle parce qu’elle dénonce les injustices de l’industrie de la mode. Je considère Gabrielle Deydier comme un modèle parce qu’elle écrit sur la grossophobie et partage ses expériences avec nous pour améliorer la vie des autres.

Moi, personnellement, je n’ai pas du tout envie de me conformer aux règles irréalistes qui sont faites par le patriarcat. Le corps d’une femme – et le corps de n’importe quelle personne, en fait – ne doit pas être méprisé ou ridiculisé. On ne devrait pas subir des chirurgies chères ou faire des régimes ridicules pour satisfaire une société injuste et sexiste. 

Plus que tout, j’écris cet article pour les français. Il est l’heure de commencer à considérer les personnes comme des êtres humains. Notre taille et le numéro qui apparaît sur la balance ne devraient pas changer la façon dont nous sommes traités. Toutes les femmes sont belles, peu importe ce qu’elles pèsent. 

Oh, et j’emmerde le patriarcat. 

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